Notre histoire


L'origine

Nous sommes en 1936, le petit village de Bonne dont les coteaux ensoleillés font face au majestueux massif du Mont-Blanc, vient de se réveiller au rythme des différentes activités rurales qui animent le petit Bourg…

Il y a encore dans le village de nombreuses fermes, de nombreux petits artisans dont l'incontournable quincaillerie Berthet qui emploie à elle toute seule la plupart des membres qui composent la clique du village.

La rencontre providentielle entre Gérard Berthet, Président fondateur et un certain Monsieur Raymond Lançon, représentant en articles de quincaillerie et de surcroît vice-Président de la Fédération des Trompes de France, va révolutionner à tout jamais le destin de nos musiciens. Il ne fallut en effet guère de temps aux deux hommes pour partager ensemble leur passion commune pour la musique et sans aucun regret, les vieux clairons furent rapidement remplacés un beau matin par 12 trompes de chasse flambant neuves de marque Périnet.

1936, le groupe des Trompes de Chasse de Bonne venait de voir le jour, une fabuleuse aventure humaine, menée d'une main passionnée par son emblématique Président Gérard Berthet, pouvait donc enfin débuter.

 

Les débuts

L'apprentissage de ce délicat instrument, peu connu en nos terres de montagne, fut à l'image de nos illustres aînés, dicté par un esprit de camaraderie indestructible et ponctué par de savoureuses péripéties à jamais immortalisées en nos mémoires. La moindre prestation se transformait régulièrement en une véritable épopée et pouvait, par amour du travail bien fait, se prolonger inlassablement sur plusieurs jours.

Quelques décennies se sont donc ainsi succédées au rythme des rires et de la bonne humeur dans une ambiance très champêtre. Les accords litigieux agrémentés d'une diction musicale unique en son genre, n'entamaient en rien la foi de nos redoutables sonneurs. Bien au contraire, ils arboraient la tête haute une redingote rouge à parements noirs accompagné de somptueuses guêtres de cuir cirées à la graisse d'oie; ils étaient fiers et beaux.

Le changement pour se perfectionner

Dans les années 1970, les plus jeunes participent néanmoins à leur premier stage de trompes patronné par la FITF à St Hubert . Ils découvrent avec grand étonnement toutes les subtilités de l'instrument qui s'avère beaucoup plus complexe que prévu. Dès leur retour, il fallut ainsi expliquer avec tact et diplomatie que sonner de la trompe nécessitait le respect de certaines règles de diction et de rythme. C'est alors la découverte stupéfiante du tayaut qui n'avait pas encore conquit nos montagnes, la mise en évidence du vibrato inconnu en nos terres reculées et les débuts prometteurs d'un futur bassiste, le jeune François Favre. Une page était bel et bien en train de se tourner et nos glorieux aînés quelque peu dépassés par les événements, se retirèrent sagement pour une retraite amplement méritée. C'est ainsi en 1972 que François Favre reprend la direction du groupe orientant résolument la formation vers l'avenir et le renouveau musical.

1985: Le premier titre

Les répétitions deviennent désormais beaucoup plus rigoureuses et seront supervisées plusieurs fois par an par quelques grands champions internationaux tel Pierre-Marc Malhet. De nouvelles tenues de vénerie couleur lie de vin voient parallèlement le jour. Le groupe participe à ses premiers concours de sociétés emmené par son dynamique et infatigable meneur Roland Burgniard. Les premiers résultats en 1978 à Chambord sont encourageants et dès 1982 à Vichy, premier podium avec une belle 3ème place. Idem à Toulouse en 1983. Le titre est proche, François Favre en est persuadé. Il manage le groupe avec la poigne qu’on lui connaît et s’adjoint les services des amis Bressans, Gérard Froment, Christian Mouroux et Jacques Paccard.  Ce dernier ne quittera jamais le groupe amenant son magnifique coup de trompe et sa capacité à animer les troisième mi-temps. A force de travail, la consécration suprême arrive en1985 à Nantes où les trompes de Bonne obtiennent leur premier titre de champion international de sociétés.

Le plus dur reste à faire…il faut dorénavant confirmer ce titre ! Deux concours suivent à Chambord en 1987 et 1989 ou nos sonneurs terminent à chaque fois second devancés de peu par les Echos du Pays d’Auge et le Rallye arc-en-ciel. Si Roland Burgniard mène le groupe, Denis Raffaelli, brille en radoux en remportant deux titres de champion et s’illustre également au championnat de France en prenant une belle et prometteuse 4ème place.

Les années 90: La jeunesse en renfort

La formation se renforce à nouveau dans les années 1990 avec l'arrivée de jeunes sonneurs de Chamonix, Yannick Pareau et Fred Comte qui apportent une nouvelle dynamique et qui imposent tout naturellement une recomposition du groupe.

Après quelques courtes années d’apprentissage du haut niveau, nos deux jeunes s’imposent naturellement dans leurs pupitres de prédilection, le radoux pour Yannick et la basse pour Fred. Parallèlement ce dernier prend la direction musicale du groupe et propose de nouvelles compositions qui secouent quelque peu le répertoire. Bien vite, ses connaissances musicales le conduisent à composer accompagné par Denis Raffaelli. De nombreuses fantaisies, ciselées pour le groupe naissent sous leurs plumes : « Sous l’œil du choucas », « souvenirs de la Charniaz », « La rallye trompe d’Ayze », « hommage au château de Sully »…

C’est également à cette période que Xavier Diacquenod rejoint le groupe après un arrêt de plus de 15 ans pour raisons professionnelles. En quatre ans à peine, il gravit une à une les catégories et s’impose très rapidement comme le soliste du groupe.

Par un travail hebdomadaire et une stabilité à chaque pupitre, le niveau ne cesse de progresser. Le groupe est alors composé de cette façon :

Chants : Roland Burgniard, Denis Raffaelli, Jacques Paccard, Stan Getz, Xavier Diacquenod,

Secondes : Rémi Bouchet, Gilles Cornier, Jean Pessey, François Mariettaz.

Radoux : Yannick Pareau, Bernard Bocquet, Bruno Stampfli.

Basses : François Favre et Fred Comte.

Trois nouveux titres dans l'escarcelle !

Après 7 années d’absence, les Trompes de Bonne retrouvent les concours en 1996 à Sully sur Loire. La deuxième place (la troisième de suite…) est acquise notamment grâce à l’interprétation d’une fanfare « la PMV » qui aura bousculé l’establishment.

Le concours suivant, toujours à Sully en 1998 permet aux Bonnois de renouer avec la victoire en gagnant d’ailleurs tous les concours annexes dont le radoux pour Yannick et ses compères de pupitre que sont Bernard Bocquet et Bruno Stampfli et également en basse pour Fred et François qui prouvent qu’ils savent être présents le jour J.

C’est à cette occasion que sera sonné « Sous l’œil du choucas », « la Rallye Trompe d’Ayze » et la Capitaine composée en l’hommage de Gabriel Brouze dit Gabon, figure emblématique du Chablais et de sa petite commune de Novel ou chaque 15 août la trompe résonne dans le vallon de la dent d’Oche.

Bien vite s’annonce le rendez-vous de la fin du siècle avec le concours de l’an 2000. Tous les grands groupes sont présents : le Rallye arc-en-ciel, les trompes d’Amboise, le rallye Atlantique, les Trompes d’Orléans…

La tension est maximale, tous les groupes s’épient et s’observent en attentant d’en découdre sur le paillasson, face au château. A peine la dernière fanfare terminée le groupe sait qu’il vient de décrocher son troisième titre en obtenant le statut tant convoité de champion hors-concours à l’instar des groupes mythiques que sont le débuché de Paris, le rallye trompe des Vosges ou le rallye Gouaslière. La joie est à la hauteur du palmarès…Quelques mois plus tard, Fred Comte devient champion de France de Basse à Romorantin emmené par Roland Burgniard et Jacques Paccard.

Après une pause bien méritée lors du concours 2002, retour en 2004 avec des fanfares composées une fois de plus par Denis et Fred : « Souvenirs de Bretagne » et « Ballade aux trois Pertruis ». 4ème titre, la consécration d’une décennie exceptionnelle. Les radoux et les basse obtiennent également leur 2ème titre de champion de France.

Un fleuve tranquille

Les concerts s’enchaînent aux quatre coins de la France à la rencontre des groupes amis que sont le rallye deux étangs, le cercle Saint-Hubert Bourbon Vendôme, le bien allé du centre, mais également dans des lieux prestigieux tel que le château de Chambord.

Certains sonneurs prennent une retraite bien méritée et de nouveaux sonneurs font leur apparition dont un jeune sonneur d’Allevard, Vincent Monnet qui s’impose rapidement comme meneur. Son passé de corniste et sa finesse d’interprétation emmène dorénavant le groupe vers un style encore plus musical.

Comment ne pas citer Laurence Albertin qui rejoint le groupe en 2000. Arrivée en Haute-Savoie pour des raisons professionnelles, elle ne quittera plus le groupe en apportant sa touche féminine et son franc parlé dont la quinzaine de sonneurs perclus de testostérone ont bien besoin… Elle se distingue en remportant une coupe des dames. Elle est rapidement rejointe par Sylvain Merrienne qui apportera son humour inégalable et sa qualité de pianiste complété par Yoann Selin, issu d’une formation de trompettiste qui assurera plusieurs pupitres au sein du groupe. Ulrich Bosson, formé au sein de l’école de Bonne dont il assurera longtemps le management arrive également dans le groupe ou il s’essaiera plusieurs pupitres avant de s’installer en basse au côté de François et Fred.

2008: Être performant sur tous les fronts...

Le concours individuel de 2008 à la Roche Posay met en avant trois sonneurs du groupe. Xavier Diacquenod monte pour la première fois sur le podium du championnat de France avec très belle deuxième place. Avec son compère Vincent Monnet en seconde, ils remportent le duo et ce même Vincent devient champion de seconde. Fred Comte n’affaiblira pas le trio qu’ils survolent et obtient une seconde place au championnat international de basse. Un véritable carton plein !!

 

 

2009: La douche froide

Pour la première fois organisée à Lyon-Parilly, le championnat de groupe 2009 est un moment fort pour notre groupe. Ce concours porté par la région sous la houlette de François Favre qui ne compte ni les réunions, ni les kilomètres pour transformer cet hippodrome en un lieu de concours.

Le groupe est au grand complet et prépare ce concours en participant à de nombreux concerts notamment en Belgique et au château de Chambord pour roder les nouvelles compositions de Denis et Fred, « la vieille garde » et « le dernier rendez-vous ». Malheureusement, malgré une prestation de très haut niveau, les juges classent les Trompes de Bonne deuxième derrière le Rallye Atlantique dont la prestation époustouflante de Nicolas Dromer restera dans les annales.

Ce concours nous laisse beaucoup d’amertume mais il faut savoir rebondir.

 

2016: L'heure de fêter les 80 ans

Rémi Bouchet, Stan Getz et Bruno Stampfli, piliers historiques du groupe prennent une retraite bien méritée après 30 ans de bons et loyaux services.

De nouveaux sonneurs arrivent et il faut réorganiser le groupe. Plusieurs années sont nécessaires pendant lesquelles le groupe se tournent de plus en plus vers des compositions musicales en s’appuyant sur les talents de nos amis Italiens de la Venaria Reale de Turin avec lesquels ils explorent la complémentarité de la trompe et du cor moderne.

Déjà se profile les 80 ans du groupe. Il faut marquer le coup. François Favre se lance dans la construction d’une trompe géante qui sera placée sur le rond-point principal du village. Quelle réussite et quelle reconnaissance pour notre groupe. Un concert exceptionnel à guichet fermé est programmé à Taninges. Outre la présentation de toutes les grandes fanfares qui jalonnées le parcours musical des sonneurs de Bonne, une messe composée par madame Turpin pour trompes, chœur et orgue est travaillée sous la houlette d’Olivier Borher chef d’orchestre, de chœur et organiste de renom.

Cette messe fait une fois de plus passer un cap musical au groupe en acceptant d’une part d’être dirigé par un chef mais également d’accepter les accords dissonants de l’orgue.

Ce concert restera dans les mémoires car les sonneurs proposent un programme d’une rare densité avec une interprétation à la hauteur du palmarès du groupe.

2018: Un 5ème titre en poche

Denis Raffaëlli compose de plus en plus et propose de nombreuses fantaisies qui complètent le répertoire. L’idée de refaire un concours fait son chemin…

Ce sera pour 2018. Cependant, Jacques Paccard et Bernard Bocquet prennent à leur tour une retraite bien méritée et laisse un grand vide. De nombreux jeunes composent dorénavant le groupe : Raphaël Dromelet (17 ans), Jean Pareau (18 ans), Grégoire Dromelet (20 ans), Thibaut Wehrlen (21 ans), Natan Zapponne (22 ans).

Pour d’autres sonneurs c’est le premier concours : Pascal Dromelet, Jean-Michel Jacquet, Stanislas Heindereich.

Une énergie débordante se dégage de ce collectif, mélange d’expérience et de jeunesse. Il faut apprendre les deux nouvelles fanfares « ballade au pays Basque » et « soirée à Pont Chaput » qui sont de vrais challenges musicaux ! Les heures de répétitions s’enchaînent avec les kilomètres qui vont avec. Il va savoir prendre du temps sur sa vie familiale pour mener à bien ce projet et côtoyer ainsi le haut niveau.

C’est un long voyage en autocar qui nous amène à Maurrin, petit village des Landes théâtre du concours fédéral. Les parties de belote s’enchaînent, entrecoupées des chants, pendant que les anciens refont le premier concours il y a 40 ans à Chambord…

Le matin, après un briefing fort en émotion, la concentration est maximale pour régler les derniers détails. L’après-midi, nous sommes tous comme des lions en cage, prêt à en découdre. La fanfare de sélection est une délivrance pour beaucoup d’entre nous submergés par l’émotion après tant de travail. La deuxième place provisoire derrière Vendôme nous importe peu, c’est ce soir que le titre va se jouer.

L’attente est longue et il faut savoir garder de l’énergie et sa concentration pour délivrer la plus belle prestation. La météo nous joue des tours et les orages tant attendus finissent par se déverser dans l’arène. Nous interprétons nos fanfares avec fougue et précision et certainement avec un supplément d’âme pour que les juges nous placent à la première place, quelques petits points devant nos amis du Cercle Saint-Hubert Bourbon Vendôme. Notre joie est inversement proportionnelle à leurs peines mais il n’y a pas de rivalité entre nous, mais un profond respect pour le travail que nous accomplissions tous depuis de nombreuses années pour la promotion de la belle trompe.

C’est le 5ème titre… La nuit sera longue voire ininterrompue pour les plus vaillants…

 

Les années passent, les générations de sonneurs se succèdent mais le son de la trompe se perpétue inlassablement aux pieds de nos montagnes et ceci pour notre plus grand bonheur.